Ecotourisme et artisanat au service de la protection des grands hapalémurs

  • Posted on: 25 janvier 2022

La population de grands hapalémurs que nous protégeons évolue dans un environnement très dégradé et fortement anthropisé composé de terres agricoles, de forêts de bambous et de petites portions de forêts rémanentes.

Au moment de la création des VOI (associations villageoises), l’écotourisme a été identifié comme un moyen de valorisation de la biodiversité et de développement de l’économie locale.

Ainsi, depuis 2018, nous développons un projet d’écotourisme dans l’un des fragments forestiers de Sahofika sur le territoire du Groupe 5 de grands hapalémurs.

Ce fragment forestier qui dépend du VOI SAMIVAR, borde la piste d’accès au village de Sahofika. Il est situé à une dizaine de km de la ville d’Ifanadiana.

Sahofika © S. Meys

Le Groupe 5, composé de plus d’une soixantaine de grands hapalémurs, partage son territoire avec une famille de lémurs à ventre roux dont l’habituation a démarré en 2018.

Grand hapalémur © S. Meys
Lémur à ventre roux © S. Meys

Un inventaire floristique a montré que le fragment forestier abrite plusieurs essences de bois précieux comme Dalbergia baroni (palissandre) ainsi que des espèces endémiques de Madagascar (Ravenala madagascariensis).

Forêt de Sahofika © S. Meys

Les inventaires faunistiques en cours confirment la présence de nombreuses espèces animales : microcèbes (Microcebus spp.), cheirogales (Cheirogaleus spp.), mangouste à queue annelé (Galidia elegans), rats forestiers (plusieurs espèces), coua bleu (Coua caerulea), coua de Reynaud (Coua reynaudii), hibou malgache (Asio Madagascariensis) etc.

En octobre 2019, nous avons recruté 3 personnes parmi les membres du VOI SAMIVAR pour devenir guides touristiques. Leur formation qui devait durer 1 année a été prolongée jusqu’en 2022 à cause des confinements liés à la pandémie de Covid-19. En effet sur les 3 stages prévus initialement, les guides touristiques n‘ont pu en terminer qu’un seul pour l’instant dans le Parc national de Ranomafana.

Toutefois, depuis leur recrutement, les guides touristiques participent au suivi des animaux aux côté des agents Helpsimus ce qui leur a permis d’acquérir une bonne connaissance de la flore et de la faune présente dans le fragment forestier de Sahofika.

Francine, Charles et Lova, guides touristiques de Sahofika © S. Meys

De plus, ils sont en charge depuis 2020 de l’habituation d’une femelle hibou repérée en 2017 à Sahofika.

Jeune hibou © S. Meys

Quelques chemins ont été aménagés dans la forêt afin de faciliter la visite. Un bureau d’accueil des touristes a été construit à l’entrée de la forêt et un parking a été aménagé sur le bord de la piste, permettant aux visiteurs de stationner au plus près du bureau d’accueil.

L’entrée de la forêt de Sahofika © S. Meys
Bureau d’accueil des touristiques à Sahofika © S. Meys

Des visites à la journée peuvent être organisées au départ de Ranomafana.

Si ce projet d’écotourisme vise à créer des revenus supplémentaires pour les communautés locales, son principal objectif est de valoriser les zones naturelles dans un site où les activités humaines sont très nombreuses.

La présence d’écotouristes qui feront un long voyage pour arriver jusqu’à Sahofika et visiter cette forêt afin d’y observer les animaux qui y vivent facilitera la prise de conscience par les communautés locales de la richesse de leur biodiversité.

Les écotouristes dont le nombre sera limité (l’accès au site reste difficile) vivront une expérience unique en observant l’un des lémuriens les plus menacés au monde dans des conditions exceptionnelles.

A travers ce projet, nous souhaitons non seulement impliquer à long terme les communautés locales dans la préservation de leur biodiversité mais également les écotouristes chez lesquels nous espérons susciter une envie de s’engager.

En parallèle à la visite de la forêt de Sahofika, nous développons 3 projets artisanaux complètement inédits dans nos villages partenaires :

– Le projet Bijoux en larmes de Job

Une créatrice de bijoux française a créé un bracelet et des boucles d’oreilles avec des graines issues d’une plante appelée « larmes de Job » qui pousse à l’état sauvage dans notre zone d’intervention.

Elle s’est rendue à Madagascar afin de former une douzaine de femmes à la fabrication de ces bijoux. Ceux-ci seront ensuite vendus en Europe sous le nom de la marque qu’elle est en train de créer, ce qui permettra de générer des revenus pérennes pour les femmes.

Boucles d’oreilles en larmes de Job © S. Meys

Quelques femmes fabriquent également les petites boîtes en raphia dans lesquelles sont présentés les bijoux.

– Le projet de sculpture en bois mort

Ce projet est né d’une rencontre à Sahofika avec un jeune homme du village qui sculptait des animaux en bois. Il a sollicité l’appui d’Helpsimus pour l’aider à acquérir des outils adaptés et perfectionner sa technique de sculpture.  

Ce sont finalement 3 personnes qui ont bénéficié d’une formation auprès d’un sculpteur professionnel malgache dont la particularité est de réaliser ses sculptures uniquement à partir de morceaux de bois ramassés au sol.

Jo, sculpteur © S. Meys
Quelques sculptures en bois © S. Meys

– Le projet de Broderie

Ce projet a été initié en collaboration avec un brodeur de Ranomafana.

© S. Meys

Deux femmes du village d’Ambodigoavy qui souhaitaient démarrer une activité similaire ont été invitées à participer à ce projet.   

Leur formation a été perturbée par la pandémie mais n’a toutefois pas été complètement interrompue.

Le projet d’origine qui visait à confectionner des sacs brodés a en effet été temporairement réorienté vers la fabrication de masques en tissu dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus.

Elles ont pu ainsi se familiariser avec l’utilisation de leur machine à coudre. De plus, elles sont actuellement formées à la confection de serviettes hygiéniques en tissu. Ces activités annexes leur permettront à terme de ne pas être complètement dépendantes de l’écotourisme.  

Les produits artisanaux (excepté les bijoux) seront vendus dans une boutique que nous avons construite à l’entrée du parc national.

Ce local permettra aux artisans de vendre plus facilement leurs produits en les proposant directement aux touristes visitant le Parc national de Ranomafana. 

Boutique Helpsimus à Ranomafana © S. Meys

Nous prévoyons également de vendre d’autres produits, en particulier des objets en raphia fabriqués par quelques femmes de nos villages partenaires.

La mise en œuvre de ces différents projets a malheureusement été fortement ralentie par la crise sanitaire. Toutefois, ce délai imposé a bénéficié à leur maturation.  

Le fragment forestier de Sahofika devrait être ouvert à la visite en 2022, tout comme la boutique aménagée à l’entrée du parc national.

Ce projet est cofinancé par l’UICN Save Our Species. Le contenu de cet article relève de la seule responsabilité d’Helpsimus et ne reflète pas nécessairement les vues de l’UICN.

The population of Greater Bamboo lemurs that we protect lives in a very degraded and highly anthropized environment made up of agricultural land, bamboo forests and small portions of residual forests.

When the VOIs (village associations) were created, ecotourism was identified as a means of promoting biodiversity and developing the local economy.

Thus, since 2018, we have been developing an ecotourism project in one of the forest fragments of Sahofika on the territory of the Group 5 of Greater Bamboo lemurs.

This forest fragment depends on the VOI SAMIVAR and borders the access road to the village of Sahofika. It is located about ten km from the town of Ifanadiana.

Sahofika © S. Meys

The Group 5 is composed of more than sixty Greater Bamboo lemurs and shares its territory with a family of Red-bellied lemurs whose habituation has begun in 2018.

Greater Bamboo Lemur © S. Meys
Red-bellied Lemur © S. Meys

A floristic inventory showed that the forest fragment is home to several precious wood species such as Dalbergia baroni (rosewood) as well as endemic species from Madagascar (Ravenala madagascariensis).

Forest of Sahofika © S. Meys

The fauna inventories that are still in progress have confirmed the presence of many animal species: Mouse lemurs (Microcebus spp.), Dwarf lemurs (Cheirogaleus spp.), Ring-tailed mongoose (Galidia elegans), forest rats (several species), Blue coua (Coua caerulea), Reynaud’s coua (Coua reynaudii), Madagascar long-eared owl (Asio Madagascariensis) etc.

In October 2019, we hired two women and one man among the members of the VOI SAMIVAR to become tourist guides. Their training, initially designed to last three years, has been extended until 2022 due to the successive lockdowns related to the Covid-19 pandemic. Indeed, out of the 3 traineeships initially planned, the tourist guides have only been able to complete one in Ranomafana National Park for the moment.

However, since their recruitment, the tourist guides have been participating in animal monitoring alongside Helpsimus agents which has enabled them to acquire a good knowledge of the flora and fauna present in the Sahofika forest fragment.

Francine, Charles and Lova, the tourist guides © S. Meys

In addition, since 2020 they have overseen the habituation of a female owl spotted in 2017 in Sahofika.

Young owl © S. Meys

Some paths have been set up in the forest to facilitate the visit. We also built a reception office at the forest entrance with a parking lot by the road side, allowing the visitors to park as close as possible to the reception office.

The entrance to the Sahofika forest © S. Meys
The reception office © S. Meys

Same-day visits can be organized from Ranomafana.

While this ecotourism project aims to create additional income for local communities, its main objective is to bring value to the natural resources in an area where human activities are very intense.

The presence of ecotourists who will make a long journey to reach Sahofika and visit this forest to observe the local wildlife will help raising awareness among communities regarding the richness of their biodiversity.

The ecotourists, whose number will be limited (access to the site remains rather difficult), will live a unique experience by observing one of the world’s most endangered lemurs in exceptional conditions.

With this project, we wish not only to involve local communities in the long term preservation of their biodiversity but also inspire ecotourists among whom we hope to arouse a desire in getting involved.

In parallel to the visit to the Sahofika forest, we are developing 3 completely new craft projects in our partner villages:

Job’s tears jewels

A French jewellery designer has created a bracelet and earrings with seeds from a plant called « Job’s tears » which grows wild in our area of ​​intervention.

She came to our study area in Madagascar where she trained a dozen women in manufacturing these jewels which will be sold in Europe under the label she has created and help generating sustainable income for women.

© S. Meys

Some women also make the small raffia boxes in which the jewels are presented.

Sculptures in dead wood

This project was born from an encounter in Sahofika with a young man from the village who carved wooden animals. He requested our support to help him acquire suitable tools and improve his sculpting technique.

In the end, 3 persons benefited from the training with a Malagasy professional sculptor whose particularity is to create sculptures only from pieces of dead wood picked up on the ground.

Jo, one of the sculptors © S. Meys
© S. Meys

– The embroidery project

This project was initiated in collaboration with an embroiderer from Ranomafana.

© S. Meys

Two women from the village of Ambodigoavy who wanted to start a similar activity were invited to participate in this project.

Their training has been suspended by the pandemic but has not, however, been completely interrupted.

The original project which aimed to make embroidered bags has indeed been temporarily reoriented towards the manufacture of cloths masks as part of the fight against the spread of the coronavirus.

The women were thus able to familiarize themselves with the use of their sewing machine. In addition, they are currently trained in the manufacture of cloth sanitary napkins. These additional activities should allow them not to be completely dependent on ecotourism eventually.

Except jewellery, handicrafts will be sold in a shop we have built at the entrance to Ranomafana national park.

This local will make it easier for artisans to sell their products by offering them directly to tourists visiting the national park. We also plan to sell other items, in particular raffia objects made by a few women from our partner villages.

Helpsimus shop at Ranomafana© S. Meys

The implementation of these various projects has unfortunately been greatly slowed down by the health crisis. However, this imposed delay has benefited their maturation.

The Sahofika forest fragment should be open to the visitors in 2022, as will the shop located at the entrance of the national park.

This project is co-funded by IUCN Save Our Species. The contents of this article are the sole responsibility of Helpsimus and do not necessarily reflect the views of IUCN.