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La population captive

Les origines de la population captive européenne

Un premier couple de grand hapalémur a été importé en Europe en 1987, suivi d’un deuxième en 1994. La gestion de ces animaux a été confiée au Parc Zoologique de Paris (Muséum national d’Histoire naturelle) par le Gouvernement malgache. Si le premier couple ne s’est jamais reproduit, celui importé en 1994 a régulièrement donné naissance à des jeunes, jusqu’au décès des parents en 2006 et 2007. Ce second couple constitue ainsi la paire fondatrice de la population captive actuellement présente en Europe.

Volière des grands hapalémurs au Zoo de Cologne
Volière des grands hapalémurs au Zoo de Cologne

La première naissance de grand hapalémur a eu lieu en 1995 au Parc Zoologique de Paris. Des jumeaux sont même nés en 2000 alors que ce phénomène n’avait jamais été décrit pour cette espèce ! Grâce aux naissances de plus en plus régulières, des descendants des grands hapalémurs du Parc Zoologique de Paris ont pu être envoyés dans d’autres parcs zoologiques  dès 1999 afin de développer l’élevage de l’espèce.

Grand hapalemur et son bébé

Aujourd’hui, bien que la population européenne manque toujours de fondateurs (la plupart des individus sont apparentés car ils descendent du même couple d’origine), elle réussit à croître grâce à la gestion internationale mise en place depuis 2008 qui regroupe au sein du même programme d’élevage les animaux captifs européens et ceux de Madagascar.

Les origines de la population captive à Madagascar

Entre 1995 et 2000, le Parc Zoologique d’Ivoloina a accueilli 3 groupes successifs de grands hapalémurs : un premier groupe de 2 mâles et 3 femelles, puis deux groupes composés de 2 mâles et 1 femelle. Tous ces animaux ont été capturés dans la région de Karianga à l’ouest de Farafangana, Madagascar. Ces captures ont été autorisées afin d’établir une population captive de grand hapalémur à Madagascar. Malheureusement, de nombreux individus sont morts sans descendants malgré ces tentatives d’élevage en captivité.

Un couple est toutefois parvenu à donner naissance à un mâle en 2006. Le parc a ensuite accueilli un couple en provenance d’Europe qui a eu des petits en 2012, 2013 et 2014. La population captive malgache est actuellement composée de 2.3 individus (2 mâles et 3 femelles) vivant tous au Parc Zoologique d’Ivoloina et gérés dans le cadre du programme d’élevage international.

Le Programme d’Elevage Européen

L’Association Européenne des Zoos et Aquariums (EAZA), qui compte plus de 300 membres dans 35 pays, a créé des Programmes d’Elevage Européen (EEP) des espèces menacées afin d’améliorer leur gestion en captivité. L’objectif des EEP est de favoriser le développement des populations captives des espèces concernées en maintenant leur diversité génétique. Un coordinateur est en charge de la gestion de chaque EEP. Il possède une connaissance approfondie de l’espèce dont il a la gestion, ainsi qu’une vision globale de la population. C’est lui qui recommande les transferts d’animaux entre institutions. Il est aidé dans sa tâche par un comité d’espèce, composé généralement de membres de l’EEP et de conseillers en divers domaines (médecine vétérinaire, conservation…), qui peut l’assister dans la prise de décision.

En 2007, le Parc Zoologique de Paris a proposé la création d’un EEP pour le grand hapalémur. L’objectif était triple : accroître la population captive, améliorer les techniques d’élevage et contribuer à la conservation in situ des grands hapalémurs.

En mai et août 2008, deux missions ont été organisées à Madagascar à l’initiative de la coordinatrice de l’EEP, Delphine Roullet. Il s’agissait de rencontrer les acteurs de la conservation du grand hapalémur à Madagascar afin de voir comment les aider mais aussi de mettre en place une collaboration avec le Madagascar Fauna Group (MFG), en charge de la gestion du Parc Zoologique d’Ivoloina, seul établissement en dehors de l’Europe à détenir (et à avoir reproduit) l’espèce.

Les activités de conservation de l’EEP

Suite à la mission de mai 2008 et à la rencontre avec le Dr. Anna Feistner, plusieurs membres de l’EEP ont décidé de s’impliquer in situ.

Le Parc Zoologique de Cotswold en Angleterre a ainsi financé une mission de terrain qui a permis de découvrir un nouveau groupe de grands hapalémurs et qui a débouché sur la mise en place du programme « Bamboo Lemur »,  coordonné à l’époque par le Dr. Anna Feistner. Aujourd’hui, plusieurs parcs zoologiques français et européens, dont la plupart des membres de l’EEP, financent ce programme à l’origine de la création d’Helpsimus.

Organisation d’un workshop sur le grand hapalémur

En janvier 2009, le premier Comité d’Espèce de l’EEP s’est tenu à Port Lympne (Fondation Aspinall) en Angleterre. Tous les membres de l’EEP (c’est-à-dire l’ensemble des zoos détenant l’espèce)  ainsi que des conseillers en médecine vétérinaire et en conservation dont le Dr. An Bollen, Directrice du MFG, ont participé à cette importante réunion dont les objectifs étaient les suivants :

– échanger les connaissances acquises sur l’espèce et établir une stratégie de gestion internationale de la population captive (incluant celle de Madagascar),

– démarrer les discussions sur la participation de l’EEP à la conservation in situ des grands hapalémurs à Madagascar.

A l’occasion de cette réunion, le MFG est devenu membre de l’EEP, posant ainsi les bases d’une gestion internationale de l’espèce.

L’atelier technique pour la conservation du grand hapalémur

Un an plus tard, en janvier 2010, le Premier Atelier Technique International sur la conservation du grand hapalémur a été organisé à Madagascar à l’initiative du MFG afin d’établir un bilan des connaissances sur l’espèce et sur sa situation à l’état sauvage, l’idée étant ensuite de définir une stratégie globale de conservation.

Il est alors apparu urgent de renforcer les actions de conservation ex et in situ pour sauvegarder cette espèce endémique. Le 29 janvier 2010, le Ministère des Eaux et Forêts à Madagascar, le Madagascar Fauna Group/Parc Zoologique d’Ivoloina et l’EEP ont signé à Antananarivo un accord de collaboration facilitant les transferts d’animaux entre l’EEP et le Parc Zoologique d’Ivoloina afin d’optimiser la gestion globale de la population captive, en manque cruel de fondateurs.

En 2015, Helpsimus a organisé le 3ème Atelier Technique International sur la conservation de l’espèce à Ranomafana. Cette réunion a notamment permis de réévaluer les effectifs de la population globale sauvage estimés aujourd’hui à environ 1000 individus.

L’échange de grand hapalémur

Un premier échange de grand hapalémur a eu lieu en mai 2010 : une femelle de l’EEP prénommée Bekily a été transférée au Parc Zoologique d’Ivoloina pour rejoindre le mâle qui vivait seul et former avec lui un nouveau couple reproducteur. Le transfert de cette femelle fut un évènement historique : peu de lémuriens sont en effet retournés sur leur terre d’origine !

Un mâle du Parc Zoologique d’Ivoloina prénommé Raphaël (descendant des 2 animaux issus du milieu naturel) a pour sa part été transféré au Muséum de Besançon pour y rejoindre la femelle Sorja avec laquelle il a formé un couple reproducteur, permettant ainsi un apport de sang neuf dans la population européenne. Sorja a longtemps été la meilleure femelle reproductrice de la population captive européenne, ce qui avait en partie motivé le transfert de Raphaël vers Besançon. Le Muséum de Besançon est également la seconde institution en Europe à reproduire les grands hapalémurs et possède par conséquent une grande expérience de cette espèce. En 2015, Raphaël a rejoint le parc zoologique de Cotswold en Angleterre.

En 2011, un second grand hapalémur s’est envolé pour Madagascar : Thétys, un mâle né au Parc Zoologique de Paris et ayant vécu successivement au Zoo de Cologne puis au Muséum de Besançon a rejoint Bekily au Parc Zoologique d’Ivoloina. Le couple a eu 3 jeunes nés en 2012, 2013 et 2014.

Ces transferts entre l’Europe et Madagascar permettent de contribuer à la sauvegarde globale de l’espèce. Le maintien d’une population captive en bonne santé est en effet essentiel à la conservation d’une espèce menacée d’extinction dans son milieu naturel. Cela permet aussi de sensibiliser le public et contribue à développer des soutiens pour les projets la concernant in situ.