C’est en 2019 que nous avons initié le projet pilote de gardiennage des rizières, dans un contexte de tensions croissantes entre les agriculteurs et les grands hapalémurs. Ces derniers, bien que ne consommant du riz qu’exceptionnellement — moins de 1 % de leur régime alimentaire —, pouvaient causer des dégâts considérables, détruisant parfois jusqu’à 80 % d’une récolte. Ces incursions mettaient en péril à la fois la sécurité alimentaire des communautés locales et la pérennité des efforts de conservation engagés.
Un système simple, adapté et durable
Le principe du gardiennage est aussi simple que pragmatique : des gardiens se relaient jour et nuit pour surveiller les rizières pendant les deux campagnes annuelles de culture du riz :
Comme les paysans ne commencent pas tous leurs cultures au même moment, la surveillance est assurée de manière continue pendant environ six mois.
Le dispositif est complété par :
– Des opérations de défrichement autour des rizières, qui améliorent la visibilité et facilitent la surveillance par les gardiens ;
– La construction de passerelles aux points de passage habituels des grands hapalémurs, permettant à ces derniers de traverser sans endommager les cultures et aux gardiens d’intervenir sans risquer de séparer les individus d’un même groupe.
Aujourd’hui, 168 gardiens sont mobilisés, encadrés par un agent d’IMPACT Madagascar.
Des résultats concrets et mesurables
Les données collectées depuis 2022 montrent l’impact direct et positif du dispositif :
Période | Tentatives d’intrusions | Intrusions réussies | Repoussées sans dégâts | Avec dégâts | % dégâts |
Avril–Juin 2022 | – | 417 | 417 (dégâts < 1 %) | 0 | – |
Nov. 2022 – Fév. 2023 | 1116 | 122 | 115 (dégâts < 1 %) | 7 | 1 à 5 % |
Avril–Juin 2023 | 1081 | 40 | 30 (dégâts < 0.1 %) | 10 | 0.5 à 2 % |
Nov. 2023 – Fév. 2024 | 900 | 18 | 18 (dégâts < 1 %) | 0 | – |
Avril–Juin 2024 | 1406 | 95 | 92 (dégâts < 0.01 %) | 3 | 1 à 2 % |
Nov. 2024 – Fév. 2025 | 424 | 9 | 6 | 3 | < 1 % |
Depuis 2022, plus de 5 000 tentatives d’intrusion ont été recensées. La très grande majorité a été repoussée avec succès, sans aucun dommage pour les cultures. Seuls quelques incidents isolés ont occasionné des pertes mineures.
Une cohabitation durablement rétablie
Grâce à ce dispositif, les conflits entre agriculteurs et lémuriens ont disparu. Les cultures sont désormais protégées, et la simple présence des gardiens suffit à dissuader les incursions. Dans un contexte de rendements agricoles en baisse à cause du changement climatique, cette sécurisation des récoltes est d’autant plus précieuse.
Le système bénéficie aujourd’hui du soutien des communautés locales, signe de son efficacité et de sa bonne appropriation sur le terrain.
Ce projet représente un exemple concret de cohabitation réussie entre l’humain et la faune sauvage — une réussite rendue possible grâce à l’engagement constant de nos partenaires.
Partenaires du gardiennage des rizières : Cotswold Wildlife Park, Palmyre Conservation, Fondation Audemars-Piguet pour les Arbres, Fondation Le PAL Nature, AFdPZ, Pure Trade, Sainte-Croix Biodiversité, Parc de Clères, SaveOurSpecies IUCN, Comité français de l’UICN – ProBioDev, Univet Nature, Boissière-Mervent Conservation, Conservatoire pour la Protection des Primates, Parc animalier de la Barben